Dans les années 1970 et 1980, au nom de la protection de l'environnement et de la recherche d'économies d'énergie générée par la crise pétrolière, on assiste à l'invention du « recyclage thermique » puis « énergétique », et plus communément de la « valorisation énergétique », des déchets ménagers et urbains. Ces expressions oxymoriques cachent en vérité leur incinération et donc la linéarisation des cycles des éléments naturels qui les constituent. Sur le plan idéel, elles permettent de verdir une technique reconnue jusque-là comme destructive. En retraçant leur origine et leur diffusion au sein des acteurs industriels et des institutions qui ont promu l'intégration déchets-ville-énergie au détriment du recyclage matériel, cette présentation vise à dénaturaliser une évidence contemporaine : le caractère supposément vertueux de l'utilisation des déchets à fin de production énergétique.